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(Albert Moindre ne se risquera pas le moindrement du monde à oublier d'évoquer les progrès dont nous bénéficierions si Dino Egger avait existé.)
143) L'industrie autonettoyante.
144) La mer qui rend insubmersible.
145) L'indivisibilité de l'atome (l'inexistence du nucléaire).
Suite des billets 164, 169, 178, 213, 214 et 216. Pour amateurs éclairés de la prose d'Éric Chevillard, auteur de Dino Egger aux éditions de Minuit.
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Quand vous ne désirez pas d'enfant, on vous traite comme si vous étiez une petite fille qui n'aurait pas fait ses devoirs ou qui aurait montré sa culotte ou qui aurait dit un gros mot ou qui ferait un caprice ou qui serait insolente. On vous explique que vous devez porter le costume de la grossesse pour le grand carnaval de l'humanité.
Je fais souvent ce rêve étrange et pénétrant
D'une planète redevenue elle-même
Où l'homme a disparu ainsi que ses emblèmes
Que recouvre la verdure rapidement.
J'eus une idée qui ne demandait qu'à pointer son nez mais un courant d'air fit claquer une porte. Mon idée se tenait derrière.
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Le grand célibataire solitaire se lève tard et prend du retard sur sa vie qu'il gâche mais peinard.
« Qui parle de bonheur a souvent les yeux tristes
N'est-ce pas un sanglot de la déconvenue », poétise Aragon.
« Et toi, quand est-ce que tu t'y mets ? » (*), ne me demandent presque plus jamais les mères - souvent insatisfaites de leur sort et déçues intérieurement - en me voyant plus âgée et plus déterminée encore.
Dans la station balnéaire les beaux jours arrivent brusquement et les voisins aussi bruyamment.
(*) Bande dessinée childfree : Et toi, quand est-ce que tu t'y mets ? © Véronique Cazot/Madeleine Martin - Fluide Glacial 2011
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— Dis Papa, c'est quoi l'environnement ?, demande le garçonnet un doigt dans le nez.
— L'environnement, c'est ce qui reste de ce que nous n'avons pas encore détruit, répond le père avec un sourire amer.
Un vieux couple entre dans la galerie de peinture où j'ai l'habitude de travailler modérément. Il n'aperçoit guère les toiles mais des sensations de couleurs l'enveloppe et le rassure. Je me tiens debout devant lui que la vie n'a pas épargné. Je deviens le témoin indiscret de ses misères de santé. Je découvre des maladies que je ne soupçonnais pas d'exister. Cet expert du malheur m'intéresse. Ses peines viennent caresser mon ennui et éveiller ma curiosité morbide. Ses soucis oignent ma peau irritée - anti-inflammatoires.
« Témérité » n'est pas une entrée dans le dictionnaire imaginaire de Marie.
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Devant les vitrines de la galerie de peinture se trémoussent des fillettes avec des cerceaux multicolores autour de leur taille et sautent des fillettes à la corde. Quelles amusantes enfants exubérantes. Quelles beautés éphémères avant que d'être mères.
L'esprit frais, au gai matin, le décroissant mange un croissant maison, assis à une table qu'il a récupéré dans la décharge municipale : il réfléchit au cadeau qu'il offrira aujourd'hui à sa petite amie dénataliste qui sort de l'hôpital après avoir bénéficié d'une stérilisation volontaire sous hypnosédation. Une bande-dessinée d'occasion peut-être...
A la table nuptiale de mes parents, le meilleur ami de mon père chanta un naïf épithalame qui prédisait ma venue au monde : jour funeste.
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Le premier Salon de la Mort grand public ouvre ses portes vendredi 8 avril à Paris au Carrousel du Louvre. L'événement intitulé : « Parler de la mort pour mieux vivre » m'intéresse vivement. Je souhaite enregistrer le site Internet consacré au Salon de la Mort dans mes signets (favoris). Je parcours mes dossiers informatiques : peinture, financier et immobilier, météo, musique, informatique, matériel technique et achat, messageries, impôts, photographie, alimentation et médecine, loisirs et sorties, écriture et littérature, Internet, l'Autofictif, Espace childfree, dictionnaires. J'hésite. Je choisis d'enregistrer la page Internet dans le signet : loisirs et sorties.
« Il n'y a pour l'homme que trois événements : naître, vivre et mourir ; il ne se sent pas naître, il souffre à mourir et il oublie de vivre. », constatait La Bruyère. On peut croire sur parole ce spécialiste des moeurs humains, plaisante Marie qui se souvient avoir lu Les Caractères.
« Je me croyais libre
Sur un fil d'acier
Quand tout équilibre
Vient du balancier », glisse le funambule et s'écrase au sol.
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Tous les chemins qu'elle prend mènent à l'impasse. Elle tend vers le cul-de-sac, elle s'oriente vers la voie sans issue. Comme cela, elle ne risque pas de se perdre.
L'esprit frais, au gai matin, le déchétarien fouille les poubelles du grand magasin d'alimentation qu'il préfère car il reçoit, ce soir, des amis, des décroissants qu'il a invités, chez lui, à un apéritif dînatoire.
Demain, l'Espace Childfree enclora le silence : les mots resteront à l'abri dans les pages des dictionnaires.
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Le tourbillon de mes pensées me fait perdre l'équilibre : l'agitation de mon esprit me contraint à l'immobilisme. Je me fige dans l'attente. Si je ne bouge plus, c'est certain, la vie ne me trouvera pas.
« Non ! », hurle Marie, « Je ne repartirai pas dans le tourbillon de la vie. »
Le citoyen concerné par son époque allume le poste de télévision afin d'éprouver l'état du monde qui semble empirer journellement. Il souhaite s'informer en particulier du sort des réfugiés qui furent les victimes du tsunami qui engloutit leurs maisons. Il aperçoit un chien sur un toit arraché, flottant à la dérive... des sauveteurs qui hélitreuillent la brave bête... le jeune chien emmitouflé dans une couverture rose. Laissant couler des pleurs de ses paupières enflées, le téléspectateur curieux se demande toujours où sont les milliers de réfugiés.
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L'homme moderne, cet animal urbain infestant les mégalopoles ne touche pas terre quand il monte sur son gyropode (transporteur personnel) et qu'il traverse silencieusement la jungle urbaine asphaltée, bétonnée, asphyxiante, bruyante. Guidé par son instinct de consommateur... Roule l'animal urbain vers son destin - domestique.
À la radio, le pianiste, technicien de l'émotion, nous explique le plaisir que nous prenons à l'entendre jouer avec nos sentiments.
Ces grands chiens adultes qui jouent à la baballe... avec leurs maîtres... aucun sens du ridicule... pauvres bêtes...
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Sous un soleil ardent, au bar du bord de mer où j'ai mes habitudes saisonnières, je berce mes idées sur une balancelle... elles s'endorment.
Sous un soleil ardent, au bar du bord de mer où j'ai mes habitudes saisonnières, je regarde passer les nuages et mes idées qui les suivent.
Sous un soleil voilé, au bar du bord de mer où j'ai mes habitudes saisonnières, je vois le ciel se couvrir et mes idées s'assombrir.