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Avec la dette grecque revisite-t-on le mythe de la destruction de l'Atlantide ?
L'écriture chasse les soucis qui rôdent autour de soi. On cesse d'être harcelé. On devient disponible. On capte l'imprévisible. On entrevoit l'invisible. On perçoit ce qui se tait. On côtoie l'incertitude. L'impression d'être soi se concrétise. Le costume d'humain sied enfin à soi-même.
Marie ne peut pas croire à son désespoir qu'elle juge trop évident, pas assez mystérieux.
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De fait, sur les marchés la nervosité est extrême. L'indice mesurant l'amplitude des hausses et des baisses attendues en Bourse, appelé « indice de la peur », atteint des sommets en Europe. La moindre annonce, officielle ou officieuse, provoque des réactions épidermiques. (*) En effet, Marie se gratte tout le corps jusqu'au sang en lisant les nouvelles économiques.
Elle a pris note de sa nuit : elle l'écrira au petit jour.
Il suffit d'un vagissement et mon visage se crispe.
(*) Le Monde.fr
360
Trois semaines, tout fripé, étrangement calme. Sa mère, épuisée, qui a vécu l'aventure de sa vie, ne laisse pas que de raconter toute l'histoire de la naissance de son bébé, qui regarde les anges voltiger autour de son berceau. La jeune mère partage ses souvenirs obstétricaux et de mon regard émerge, alors, la terre d'épouvante.
Le vilain célibataire a des plaisirs solitaires qui lui tiennent compagnie.
Il y a des claques qui se perdent, des idées aussi.
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Marie n'a pas assisté au spectacle du lever de la pleine lune dans la mer étale, ni au spectacle du lever du soleil écarlate. Marie préfère s'effrayer des visions tragiques qui la hantent.
Sur la plage abandonnée, un caddie de supermarché volé : l'empreinte de l'homme — partout.
Au sein de la maison childfree où que les yeux se posent des livres qui racontent l'humain et récitent sa plainte.
358
Avant, ils cheminaient ensemble sur le sentier caillouteux de la vie. À présent, ils glissent ensemble sur le toboggan de la mort.
Marie tâche d'apprivoiser son esprit inquiet qui la tyrannise : elle décide d'éduquer un chaton qu'elle baptise « Atarax ».
La jeune mère comble un vide en elle avec la naissance d'un enfant. La femme nullipare contemple le vide en elle.
357
Déjà que la vue d'un gratte-ciel me semble irréelle... alors un avion qui le transperce... imaginez ma propre incrédulité à laquelle je me heurte.
Par contre, l'écroulement du mur de l'auteur de Scalps me paraît plus croyable.
L'écrivain curieux a même découvert l'identité du terroriste qui est responsable de cette ruine : son lilas.
356
Paroles d'un père de famille nombreuse au sein de la maison childfree : « Une famille c'est un foyer de discorde. »
Paroles d'un visiteur de la galerie de peinture que j'ouvre au public : « Voyager c'est créer un déséquilibre. »
Marie est persuadée qu'on apprend des autres mais rarement de soi-même.
355
— Es-tu peureuse ?, s'enquit de mon état d'esprit l'auteur de Commentaire autorisé sur l'état de squelette dans un rêve durant mon sommeil.
— Oui, je me demande comment je vais cesser d'exister !, répondis-je sincèrement.
Les mots des enfants sont tellement drôles mais leurs maux tellement insupportables.
Marie voudrait être sourde pour ne plus entendre la voix humaine, le son de l'insolence.
354
Parce que le jour disperse la pensée, la nuit je me rassemble.
Parce que la nuit garde le secret de mes ténèbres, j'arrive à traverser le jour qui éteint les étoiles et ne rend plus rien vraisemblable.
Le jour est la défaite de la nuit.
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Il suffit de sortir de chez vous, de faire une visite guidée, puis d'aller au restaurant pour côtoyer vos semblables qui — ah ! l'aubaine — vous trouvent assez disponibles pour les prendre en photo avec le monument découvert. Et plus tard au déjeuner, vos compagnons d'aventure à côté desquels le hasard vous assoit — ah décidément ! l'aubaine — vous trouvent assez sympathiques pour vous confier leurs secrets et vous montrer un diaporama, interminable, sur leur appareil de photographie numérique : leur vie de poche défile sous vos yeux fatigués.
Cet ours orange, qui fut le mien lorsque j'étais une petite fille, acheva ses jours sur le cercueil de ma mère, où je l'ai jeté, au fond du trou, quand on enterra Yvette à la fin de mon enfance : mon ours orange avait trop souffert, comme Yvette, qu'il accompagna dans la tombe.
Tout s'achève toujours dans la terre, je le sais depuis trop longtemps.