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792
À mon domicile, assise dans ma salle d'attente en partance pour le néant, rien ne me désennuie.
Si je regarde en arrière, les ombres de mon passé chuchotent des inepties. Si je ferme les yeux, les voix du présent hurlent. Si je regarde devant moi, mon ombre me fait peur.
Un jour, je me dirai adieu et ce ne sera pas un déchirement mais plutôt un soulagement.
791
Marie observe ceux qui mourraient pour leurs idées, mais de mort lente, s'en prendre aux femmes qui subissent un avortement, aux couples homosexuels qui désirent se marier, aux particularités de chacun d'entre nous — qui échappons à leur compréhension restrictive — à l'humanité qu'ils rejettent finalement.
Marie se lasse de ces béni-oui-oui au service d'un dieu absent qui pourrait tout à fait leur botter le cul s'il existait !
Mais voilà, Dieu n'est jamais là où on l'attend...
790
Un jour bientôt je me devinerai autrement.
Je découvrirai tout ce que j'ai renoncé à être, chaque seconde.
Je m'apprendrai comment j'ai survécu à mon histoire — humaine.
789
Ce matin, j'échappe au désir de voir rougir les nuages : j'oublie d'ouvrir les rideaux électriques qui me séparent de la beauté initiale du jour naissant.
Je me contente de la lumière fade de ma tablette électronique.
Je m'autorise une vision virtuelle de l'univers qui ce matin m'indiffère.
788
Notre esprit que l'on n'apprivoise jamais, qui s'égare sans cesse dans les méandres de nos sentiments d'insatisfaction et de frustration.
Notre volonté d'apaiser l'indomptable panique qui s'empare de nous quand nous perdons la maîtrise de notre monde.
Notre incapacité à lâcher prise en s'asseyant confortablement quelque part.
787
Une amie virtuelle s'exprimait sur son mur FB à propos de « la dictature des Bisounours ». À quel point je la ressens cette obligation de voir la vie du bon côté et de donner une impulsion positive à son existence.
Tous ces sentiments à la guimauve qui animent les adorateurs du bien-être et de la pensée juste.
Tous ces gens qui rentabilisent ce qu'ils sont.
786
Si l'on pouvait décrypter ses rêves, on s'éviterait l'écueil de l'espoir : on cesserait d'avancer aveuglément sur le sentier de l'existence.
On quitterait sa caverne où l'on gravait son ignorance.
Chaque mèche du voisin-bricoleur percera ma phrase pour qu'elle devienne plus percutante : STOP !
785
(99942) Apophis, astéroïde géocroiseur, observable dans le ciel en 2013, frôlera de nouveau la Terre le vendredi 13 avril 2029 et risquera de la percuter le dimanche 13 avril 2036. Je serai probablement encore là, hélas, j'aurai respectivement à ces dates 59 ans puis 66 ans.
Aurai-je encore le courage alors de m'exprimer par écrit dans mon journal extime ?
Serai-je toujours à la hauteur de mes désespérances ?
784
Être toujours au bord de soi-même comme au bord de l'écœurement. S'empêcher de vomir. Roter sur ce monde.
N'avoir de joies que fausses.
Trouver la force de ne plus croire en rien.
783
À force d'être à des milliers d'années-lumière des autres, je perçois vaguement ce qui les préoccupe et ce qui anime leur existence : je m'étonne de leurs centres d'intérêt qui me paraissent futiles.
Et pourtant, ils sont semblables à moi avec leurs émotions humaines. Ces émotions que je ressens encore parfois et qui me surprennent quand elles me bouleversent.
Ce temps humain de l'émotionnel où je ne me sens pas désincarnée.