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492
Une matinée qui commence devant une page blanche, dehors il fait nuit noire, les mots multicolores colorient mon cerveau que les rêves nuançaient de gris durant le sommeil.
Un sommeil qui ne répare rien, aucune force. Un sommeil qui éloigne du jour transparent en nous emprisonnant dans les ténèbres opaques.
Un sommeil engloutisseur duquel nous n'émergeons jamais totalement.
491
Au sein de son union, le couple se désunit comme par désenchantement.
Berthe, la vieille fille, n'a jamais quitté la ferme familiale. À l'heure du goûter le dimanche, toute la famille se réunit autour de la table, recouverte d'une toile cirée aux motifs potagers, pour partager la pogne. Berthe pendule avec joie sur sa chaise. La vieille horloge bat fort comme son cœur.
Toutes ces questions qui se déposent en nous...
490
« Toutes les civilisations ne se valent pas » argue-t-il ce présomptueux homme politique. D'un point de vue extraterrestre, cette affirmation s'avère totalement fausse. Un visiteur venu des confins de l'Univers aurait du mal à nous différencier, humains que nous sommes.
Probablement que l'humanité manque de recul quant à ce qui la caractérise lorsque nous la voyons s'armer contre elle-même et s'exterminer. Notre prochain, que nous sommes censés aimer, mais qui nous encombre.
Notre prochain qui nous fait obstacle simplement parce qu'il existe. Notre prochain inévitable.
489
Le froid qui m'attend dehors comme un voisin indésirable...
La joie qui s'enfuit au loin sans se retourner... Le temps qui passe sans me reconnaître...
L'instant qui n'est jamais suffisant.
488
Je ne comprendrai probablement jamais pourquoi les scientifiques s'obstinent à traquer le boson de Higgs, mais encore moins pourquoi la nudité dérange autant mes contemporains.
Je constate combien la nudité peut gêner un individu quand il la relie à la sexualité ou à la saleté.
Pareille à une peinture trop nette, la nudité montre une vérité que le spectateur troublé, voyeur involontaire, voudrait rendre au secret de la chair.
487
L'oisiveté est l'ennemie de l'âme, l'affairement est sa mise à mort.
Marie souhaiterait rester immobile et expérimenter l'attente paisible mais ses membres s'agacent à la recherche du mouvement qui libère : Marie vaque à ses préoccupations.
Je m'invente cette nuit une kyrielle d'enfants qui me réclament, quel affreux cauchemar.
486
L'auteur de L'autofictif prend un coach — ce maniaque de la réalité qu'il réinvente pour mieux nous la révéler — devient chaque jour notre entraîneur qui nous montre comment réussir l'exercice périlleux de l'existence.
Si d'aventure nous nous laissons choir dans le vide existentiel, l'auteur de Choir nous rattrape d'un coup de baguette magique, volée aux fées que sont ses filles.
La lecture nous sauve car elle nous donne la traduction de ce monde qui parle charabia.
485
Quoi qu'il puisse en dire, ne sachant que faire de sa liberté, l'adulte aliène celle de sa progéniture. Il semblerait qu'il trouve tout à fait son compte dans ce choix, lui. Quant à sa progéniture, elle ne doit pas broncher.
Devenir parent, soumettre mon enfant, échapper à l'ennui, mourir en laissant derrière moi un être de chair et de sang qui emprunte ses traits à la peur, la mienne. Quelle folie !
Plutôt nourrir un dinosaure que d'enfanter.
484
— Cramponne-toi !
— Contre quoi ?
— La torture du doute...
— Accroche-toi !
— À quoi ?
— Au souvenir des belles choses...
Marie sourit aux anges qui passent durant son monologue intérieur.
483
Pourquoi s'informe-t-on systématiquement à propos d'un monde qui échappe à son contrôle. Serait-ce pour prédire sa chute ?
Rencontre du troisième type : je croise au centre commercial une jeune femme qui porte des vêtements de couleur noire dans le pur style gothique. Cette apparition qui cherche à effrayer semble sortir d'une crypte. Mais ce n'est pas son accoutrement qui me paraît absurde. Ce qui m'amuse c'est qu'elle pousse un landau orange, cette mère insolite.
Impressionnant tout ce qu'on ne peut pas faire avec le peu qu'on est.