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Toutes ces vitres qui ouvrent sur le monde dont elles nous isolent.
Eugénie cherche tous les moyens d'expression imaginables pour exprimer l'inimaginable : sa présence au monde.
Fermer les fenêtres pour ne plus entendre les cris du grisard affamé, ces cris d'alerte qui réveillent mon instinct maternel de protection. Observer ses géniteurs le nourrir au sol. Observer le grisard tendre le cou pour ingurgiter sa nourriture. Observer le grisard imiter l'envol des adultes ailés. Observer que le grisard reste à terre avec ses ailes sans plume. Observer le grisard frustré.
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Ces paysages féeriques du Cap de Creus que Dalí ne garda pas emprisonnés dans sa rétine mais qu'il révéla sur la toile, ils m'encouragent à être ce que je suis.
Ces crétins en bermudas multicolores qui envahissent les lieux qui inspirèrent Dalí, ils me découragent d'être ce que je suis.
Refuser de parler une langue étrangère c'est refuser de se traduire en soi encore.
610
Admirables arc-en-ciel et lever de soleil qui presque nous enchanteraient. Mais nous savons de quoi il en retourne. N'est-ce pas ?
Nous sommes à l'ère de la photographie créative avec les appareils photographiques numériques multicolores : un couple sur les quais qui bordent l'Hérault s'amuse à se prendre en photographie en mettant sa tête derrière un ancien anneau d'amarrage. Le cadre rond rouillé encercle ses souvenirs.
Il y a la lassitude
Il y a la crainte
Il y a l'ennui
Il y a la joie parfois.
609
Marie ne s'attendait pas à ce que son existence soit aussi morne et désœuvrée. Elle pensait qu'elle devinerait ce qu'elle est pour le devenir.
Marie attend au cœur du désert un évènement incertain.
Marie a la certitude qu'elle ne sera pas prête pour l'aventure qu'elle n'attend déjà plus.
608
Quelque chose s'est approché d'elle, cela l'a frôlée, puis cela s'est enfui, le contact fut bref, la prise de conscience impossible.
Connaître de soi-même autre chose que soi-même.
Découvrir l'autre sort que l'on se réserve.
607
Sur le sentier de l'acceptation quelque chose l'empêchait d'avancer : elle ôta sa chaussure qu'elle retourna pour que le caillou qui la blessait chût.
Elle put reprendre sa marche sur le chemin de l'acceptation mais elle se tordit la cheville.
Enfin, elle accepta de s'asseoir sur la voie de la renonciation.
606
Aucune erreur possible, Marie est déjà de retour dans son univers familier parmi ses inquiétudes domestiques : le grisard qui s'était tu a survécu.
Je suis témoin de mon temps, j'ai vu le transit de Vénus à 2877 mètres d'altitude et je peux me taire.
Les évènements cosmiques rendent nos histoires terrestres dérisoires, tellement humaines.
605
À la veille d'un départ vers l'inconnu Marie s'inquiète de se libérer du connu. Ses peurs alourdiront ses bagages.
Ailleurs tout lui pèsera et l'encombrera. Marie se réjouit déjà de son retour.
Le grisard s'est tu. J'irai photographier son cadavre.
604
Observer la nature qui nous entoure de moins en moins. Rester sur le sentier bétonné de la civilisation et attendre qu'elle s'écroule.
Dans l'œil vitreux du grisard la soumission à la loi cruelle de la nature. Je photographie.
Ses cris de grisard affamé n'y pourront rien changer, la nature se débarrassera lentement de lui. Je ne m'en lasse pas.
603
Le grisard est tombé du toit de l'immeuble en bord de mer, il trotte entre les rochers volcaniques puis sur le chemin dont il picore les cailloux. Il ouvre le bec en criant, il réclame sa nourriture. Les parents le surveille depuis le sommet des cheminées du toit où il ne reste qu'un nid vide. Je filme le grisard qui meurt de faim.
Combien de temps s'écoulera-t-il avant que le grisard ne meurt ou que je me lasse de le voir mourir ?
Encore immobile, assis sur une chaise dans le jardin, que fait-il l'écrivain quand il n'est pas assis devant sa table d'écriture ? Il tourne une phrase dans sa tête. Les mots font le carrousel sous son crâne jusqu'au sens du frisson créateur.