Articles avec #childfree tag
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Slogan dénataliste : vite la pilule pour éviter que ça pullule !
La douce gynécologue respecte la nullipare inquiète que je suis, elle m'écoute lui confier que j'ai peur de mes semblables : décidément, elle aura tout entendu dans son cabinet de curiosités.
Détecter l'instant qui s'échappe, capturer son ombre de pixels.
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La vie n'a que le sens qu'on lui donne : ce matin, le vent bruit dans les buissons, une mélodie végétale au diapason de mon ennui.
De nouveau les touristes envahissent la station balnéaire en quête d'activités reposantes susceptibles de les plonger dans l'oubli d'eux-mêmes.
Irrésistiblement, ce couple se déchire et se ment à lui-même. Il s'aime.
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Petite fille capricieuse, Marie obligea sa mère à quitter une fête familiale... ce fut la dernière fête à laquelle sa mère participa... elle mourut quelque temps plus tard. Les petites filles sont idiotes et les mères trop fragiles.
Elle rêvasse d'exister plutôt que de mener sa vie réellement. Marie s'enchante d'imaginer ses jours invécus.
Marcher sur la grève durant sept kilomètres en plein soleil estival, cheminer dans le sable, solitaire, jusqu'au bar où l'on vous sert une limonade glacée, avoir un but pour une fois.
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Et pendant ce temps que nous gâchons à exister innocemment, les survivalistes se préparent à affronter les conséquences prévisibles d'une catastrophe annoncée.
Le présent des survivalistes consiste à anticiper un futur épouvantable où la civilisation s'effondrera en renvoyant l'homme dans un milieu naturel qu'il a contribué à saccager.
Je ne crois pas que j'aurai envie de me sauver quand je serai en danger. À quoi bon me conserver humaine ?
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Partager son petit-déjeuner avec un grisard affamé et se connaître nourricière un instant. Pourquoi le sauver ? Pourquoi le nourrir ? Pour voir son duvet devenir plumes. Pour qu'il s'envole enfin... loin.
Être parent c'est risquer de voir son rejeton tomber du toit. Être parent c'est risquer la vie de sa progéniture à chaque instant.
D'ici la fin du monde prévue cette année, le grisard aura grossi en devenant adulte grâce à mes bons soins : je pourrai alors le manger.
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Dorénavant, pour Marie, les bains de mer se succéderont comme une obligation d'être délassée dans l'eau salée.
Puis, se suivront les jours climatisés où Marie aura presque froid à l'intérieur. Dehors, la chaleur l'étouffera et brisera sa volonté déjà si faible.
L'été verra Marie nue nageant au hasard dans une mer de doute.
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Trousseurs de phrases, il exécute son œuvre littéraire avec vaillance en ne se souciant que de sa performance. Il abuse des choses de la vie car elles sont la matière de ses livres qui sentent le foutre, le sang, les larmes, la sueur, l'urine et la merde. Ses romans sécrètent la réalité. L'écriture sans imagination est irrespirable.
Peut-on apprivoiser la réalité sans la modifier quand on est un artiste ?
Comment risquer de se libérer du connu sans le secours de l'imaginaire ?
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Au MIAM (Musée d'Art Modeste), à Sète, vous pouvez voir en ce moment une exposition intitulée « Gromiam » qui rend hommage à l'esprit grolandais. Vous vous hypnotiserez devant des œuvres telles qu'un trou du cul géant ou un néon qui vous rappelle que vous allez mourir ou un container à bébés... Mais vous serez agacé cependant par les groupes scolaires qui grouillent au dernier étage, au-dessus de votre tête, au niveau des collections permanentes du musée. Quand les musées deviennent des cours de récréations et les œuvres des stands de parc d'attraction. Vous fuirez.
Constat amer : les autres nous résument à ce qu'ils sont, à leur compréhension qu'ils ont de nous-mêmes.
Constat éphémère : je me sens paisible ce matin avec le vent marin qui caresse mes jambes nues.
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En n'arrivant jamais à ses fins, en n'obtenant jamais un résultat souhaité, on finit par oublier ce qu'on voulait vraiment, on perd sa volonté, on découvre ce qu'on imaginait réellement pour soi-même. On reste à s'inventer vivant.
Chacun veut être considéré pour ce qu'il est mais chacun considère-t-il l'autre pour ce qu'il est ? Chacun fait-il seulement attention à la présence de l'autre à ses côtés ?
J'aimerais qu'on m'applaudisse d'être toujours en vie.
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Européens, européennes, renflouez-vous les uns les autres.
La sémillante jeune fille que je fus s'attriste : je me cherche frétillonne et plaisante, je me trouve engourdie et lasse.
Je me contenterai aujourd'hui encore de me demander pourquoi.