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Clavier
Cape
Extrait d'acte de décès numéro 127
Le 27 avril 1983 à 11h mourut Yvette à l'âge de 47 ans, dans un lit d'hôpital, d'un cancer généralisé, légère comme une plume, veuve, deux jeunes enfants. Je suis sa fille, j'avais 12 ans, j'étais en classe de cinquième, je révisais une leçon de mathématiques avec ma tante institutrice quand le téléphone sonna. Pierrette décrocha le combiné de l'appareil, j'entendis "Allo ?...", puis "C'est fini ?... Quand ?... Merci !". Elle raccrocha le combiné sur son socle et me regarda, ses yeux clairs remplis de larmes, je pensais en moi-même ("Enfin !"), sans un mot pour elle, qui venait de perdre sa sœur, je quittai l'appartement et courus jusqu'au domicile de Simone et Loris pour leur annoncer la nouvelle : "Je suis orpheline, vous savez, maintenant !" Je ressentis un puissant soulagement à me confier aux parents de ma meilleure amie Karine. J'étais presque heureuse !
Aujourd'hui, je fête le trentième anniversaire du jour du décès d'Yvette, ma chère mère, qui eut la fâcheuse idée de me mettre au monde pour m'y laisser seule alors que je n'étais encore qu'une enfant atteinte d'une maladie de peau (on croirait lire le début d'un conte de fée). J'entame la rédaction de ce récit avant de perdre la motivation de l'écrire. Car je la trouve ennuyeuse mon histoire. Mais j'en ai tellement lu d'autres que je peux aussi lire la mienne si je la raconte au moyen de l'écriture !
Texte publié sur le site de Mathieu Simonet à propos de l'écriture de soi.
Colloque International Éric Chevillard (26 et 27 mars 2013)
Le colloque du Petit Prince
J’y étais...
Il y eut une lectrice passionnée qui cherchait la preuve vivante de l’existence pas fictive de l’auteur qui rédige L’Autofictif. Il y eut des universitaires qui parlèrent d’hétérotopies et contre-utopies, de la mauvaise foi, de l’écrivain moraliste, de la pensée descellée, de la virulence, de démolir la phrase, de la littérature sans la littérature, de l’auteur et moi, de meurtre en bas de page, de listes, d’un traître parmi les traîtres, du conteur, de l’enlèvement du hérisson, du lecteur, de l’autofictif observe le monde, du portrait de l’écrivain en animal critique, de la presse, des lecteurs, de l’auteur en entretien. Il y eut les rires, l’ennui, l’attention, les regards qui se cherchent, les sourires qui se trouvent, la parole, la joie, l’élévation, l’attente, la curiosité, la lenteur, le plaisir, la sueur, la faim, la soif, l’envie, la jeunesse, la maturité, l’éloquence, la justesse, la connaissance, la voix émouvante d’Éric Chevillard, les impatiences dans les jambes, l’écriture, les pages noircies d'encre, les mains du maître sur son carnet de peau de taupe noire, son stylo noir qu'il caresse, les bloc-notes des étudiants, la tablette de Christophe Claro, les ordinateurs portables et leur lumière bleue, le micro qui ne fonctionne pas, l’écoute attentive, la participation dynamique, l’invention, la discrétion, l'élégance de la simplicité... Il y eut les deux jours du Colloque International Éric Chevillard au site de l'antenne universitaire de Valence, université Stendhal-Grenoble III les 26 et 27 mars 2013. Il y eut les deux jours du Petit Prince qui fut de bonne fois. Il y eut Éric Chevillard, le poète charmeur.
(Texte initialement rédigé pour la revue collaborative du Rond-Point, ventscontraires.net, et publié le 02 avril 2013.)
Retour de colloque
807 mots inconnus pour décrire l'indescriptible et dévoiler l'indévoilable ! L'inconnaissable ! Autant de phrases qui opacifient la clarté et voilent le sens poétique ! Autant d'instants manqués qui échappent à la compréhension sensible ! Autant en emporte le vent des phrases mortes et qui achèvent le rêve !
Autant d'émotions privées de révélations ! Autant de paroles qui avortent le silence ! Autant de réflexions reflétant le néant de la pensée quand l'écriture cherche l'épaisseur du secret qu'elle explore ! Autant d'aventure intérieure cristallisée ainsi froidement : cryogénisée ! Autant d'apparences trompées !
Autant d'essais d'autopsier le cadavre encore frais de l'écrivain charmeur et rêveur ! Autant de brutalité face à la douceur révélée du littérateur féroce ! Autant de tentatives intellectuelles pour répondre à l'immensité de la prose de l'écrivain-chercheur ! Autant de bonne fois pourtant !
Bibliothèque
807
Ce matin, je prends mon 807ème petit déjeuner avec vous mes charmants lecteurs : tartines de miel de lavande et de fromage de chèvre, banane, clémentines, thé vert.
Je m'interroge quant à mon statut de déjeuneuse-blogueuse et mes pensées chaotières qui envahissent votre sphère en modifiant votre atmosphère.
Demain n'existe pas.
806
Levée depuis 5h30min, j'échappe à cette nuit rêvée en solitaire pour aborder ma journée de solitude volontaire.
Et puis non, un voyageur clandestin croisé dans les coursives domestiques, un pinceau ou un crayon à la main, l'imaginaire en bandoulière, du mystère plein les yeux, me tiendra compagnie jusqu'au soir.
Ensemble, nous émettrons des doutes quant à notre avenir ici-bas.
805
Il faut rester là et attendre que notre tour soit passé ; alors on pourra trépasser, salement bien entendu.
Ma gynécologue, une pâtissière, une légumière, une voisine, une amie, une parente, une cliente, une lectrice, une amie virtuelle, une inconnue, mon frère... sont childfree, pour cela je me sens en bonne compagnie.
Je me pose une question : mes amis virtuels sur les réseaux sociaux sont-ils des amis imaginaires comme l'étaient ceux de mon enfance ou bien des figures autofictives auxquelles j'accorde toute mon attention ?
804
Marie prévoit d'utiliser un trépied lorsqu'elle photographiera l'auteur de Palafox durant le colloque international qui aura lieu au mois de mars à Valence. Cela lui permettra de stabiliser les émotions qu'elle ressentira, notamment l'appréhension.
La timidité de Marie est pathologique comme son angoisse d'exister.
Marie survivra-t-elle à ses démons ?
803
La revue médicale « Prescrire », dans son numéro de février, met en garde les patients et soignants en les informant qu'ils ont intérêt à revoir les traitements en cours, à écarter certains médicaments plus dangereux qu'utiles, et à préférer les traitements éprouvés.
Selon la revue indépendante « Prescrire », mon immunodépresseur dans l'eczéma serait à proscrire car il exposerait à des risques de cancers cutanés et de lymphomes, disproportionnés avec l'affection cutanée.
Toujours selon la revue qui me veut du bien, autant en rester à un dermocorticoïde géré à bon escient dans les poussées. Autant prier alors pour mon corps qu'il ne se souvienne jamais du traitement cancérigène.