La vie brève
Marie apprend l'existence d'un livre de Juan Carlos Onetti intitulé : La vie brève.
Elle trouve ce titre inapproprié à la sienne.
Récompense
Marie a une fâcheuse tendance à attendre la récompense avant la dépense énergétique.
Cerveau
Marie regrette ce cerveau, captif du confort, qui partout cherche ses aises.
Prosper à l'œuvre
Nous comprenons d'autant mieux ce scrupule que nous déplorons nous-mêmes dès l'incipit de ses romans que nous soit ainsi indélicatement livré phrase après phrase tout leur contenu au détriment de la bienheureuse ignorance dans laquelle nous évoluions auparavant avec béatitude.
Marie connaît la béatitude en s'évitant certaines lectures.
Virginité
Comme la nature est merveilleuse puisque une chose comme la virginité peut encore exister dans cette vallée de larmes ! La virginité : une catégorie spéciale de créatures fermées, isolées, ignorantes, protégées par une paroi très mince. Elles tremblent dans une attente inquiète, elles soupirent profondément, elles effleurent sans pénétrer, séparées de tout ce qui les entoure, verrouillées contre la saleté, scellées. Et il ne s'agit pas là de vaines paroles, de simple rhétorique, mais bien d'un sceau véritable, qui en vaut un autre. Prodigieuse liaison de la physique et de la métaphysique, de l'abstrait et du concret ! D'un petit détail purement corporel découle tout un océan d'idéalisme et de merveilles, en opposition formelle avec notre triste réalité.
Marie repense à ce qu'elle fut autrefois.
Lenteur
Marie s'étonne encore de sa propension naturelle à ralentir toujours.
Caramel
Une petite fille avale avec gourmandise sa glace au caramel.
SON PÈRE (naturellement). — Va chercher ton frère...
LA FILLETTE (toujours le nez dans sa glace au caramel). — C'est toi qui demandes, c'est toi qui y vas !
Chevauchée
— Chevaucheras-tu ton vélo, Marie, ce matin ?
— Oui, ainsi prendrai-je le risque de mieux réfléchir...
L'homme-poirier
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Eugène Savitzkaya A quoi bon encore des poètes
Eugène Savitzkaya "A quoi bon encore des poètes" CNL 6 mars 2017 : où Eugène Savitzkaya se met à genoux d'une façon un peu particulière, après avoir lu quelq...
Marie regarde Eugène Savitzkaya faire « un bras d'honneur qui a un corps d'honneur ».
Dans l'escalier de service
Au lieu de cela, comme un renégat, comme un traître, je regardais avec une admiration mensongère le pays hostile et glacé de ma femme, ses panoramas blancs et lisses, ses éléments aussi éteints et morts pour moi qu'un paysage lunaire. « Charmante éminence, pensais-je en la regardant dormir, petite, ronde, blanche comme neige. Quelle silhouette élégante, quelle taille souple, comme c'est ondulant, esthétique, moderne ! Cette jambe voluptueuse, harmonieuse, comme elle s'allonge, toute blanche, sur les draps immaculés ! » Affreux mensonge.
C'était un monde lunaire, tandis que la Terre-mère gisait quelque part, invisible. Mais ma femme savait, même endormie, empêcher jusqu'à la pensée d'une résistance ou d'une révolte : il y avait quelque chose de despotique dans la façon dont sa jambe s'amincissait vers le bas, comme si cette forme eût été la seule admise.
Marie voit la Lune.