Risque d'absence
Je risque d'être absente pendant quelques jours... jusqu'à mardi... car je fais une nouvelle expérience qui n'est pas inédite mais plutôt une confirmation d'une action déjà menée, non aboutie. Je recherche dans le recommencement un nouveau sens à une quête sans fin. Un retour vers le futur en quelque sorte.
Folie
Quiconque écrit s’efface tout en laissant, pour l’abandonner, l’archive de son propre effacement. Ces deux derniers mots disent la folie même.
Tu n'as pas encore eu accès à cette sorte de folie qui te rendrait bien service pour mettre en œuvre un travail d'écriture. Tu hésites à garder la mémoire de ton absence au monde. La copie que tu ne t'autorises pas à conserver qui prouverait ton inexistence : la preuve de ton inélégance dans la vie.
Tonnerre
L'orage gronde, le tonnerre éclate : la mauvaise réception due à l'exposition de l'antenne aux caprices météorologiques pixellise le film. Misérable technologie qui ne résiste pas à la moindre agitation tempétueuse et naturelle. Modernité artificielle qui nous plonge dans l'incertitude réelle. Impuissance.
Évidence jourdienne, moquerie chevillardienne
« Nos lectures sont notre réalité »
« Le vent soufflait fort sur la terrasse du café où j’ai mes habitudes. Je ne comprenais pas les raisons de cet énervement jusqu’à ce que sa fougue soulève et précipite sur le sol – avec les dégâts qu’on suppose – la mince liseuse numérique posée sur une table voisine dont ce lecteur compulsif peu habitué à rencontrer une telle résistance essayait en vain depuis un moment de tourner les pages. »
Nous lectures nous font advenir ce que nous sommes. Chaque phrase nous ancre dans notre imaginaire. Chaque mot nous invente une raison d'exister au-delà de notre fiction. La lecture nous réactualise pour de bon.
Déveine
Je ne suis pas chez moi dehors le soir et là où je ne réside pas réside ma déveine. Je n'ai pas de lieu où habiter sous les étoiles et dans la fraîcheur du jour finissant. Je gis sous les décombres brûlants de ma journée infernale. Je branche le climatiseur. Je déclenche la fermeture des volets roulants électriques. Mon lieu de vie comme un caveau glacial. Silencieux.
Avenir augmenté ?
« Réussir à créer une intelligence artificielle serait le plus grand événement dans l'histoire de l'homme. Mais ce pourrait aussi être le dernier »
Une intelligence artificielle autonome qui viendrait te susurrer à l'oreille ton insignifiance ainsi que ta débilité originelle que tu ne parviens pas à surmonter. Une machine toute d'alliage vêtue, rutilante, propre, tiède, sans aspérité, douce, sans sueur, lisse. Une compagnie qui ne serait pas organique. Une présence métallique que tu ne sentirais pas vivre. Une unité qui saurait devenir invisible et imperceptible. Quelque chose d'autre qui mettrait fin à l'humanité désespérante.
Relations virtuelles
Tu fréquentes numériquement des individus que tu ne connais pas physiquement, dont tu ignores l'odeur, dont tu n'as jamais frôlé la peau, dont tu n'as jamais croisé le regard, que tu n'as jamais embrassés, que tu n'as jamais entendus parler, Tu fréquentes des icônes virtuelles qui monopolisent ton attention au point de te faire oublier l'essentiel : ta douleur.
Écoute d'abord...
Le fou murmurant...
Tu parleras ensuite...
Lourdeur
Tu n'as pas su défendre ta légèreté. Tu pèseras parmi le monde que tu refuses de rejoindre. La réalité rejoindra ta fiction et l'engloutira. La bêtise aura raison de ta bonne humeur. Ta naïveté t'a perdue. Tout est fichu.
Double numérique
Ton double numérique évolue sur Internet en consommant une énergie phénoménale alors que tu ne voyages jamais. Ton immobilité est énergivore sache-le dorénavant. Tu consommes malgré toi en participant à la dégradation progressive de ton propre environnement. Tout est hors de contrôle. Plus rien ne dépend vraiment de toi. Tu pourras bientôt quitter la scène sans aucun regret.