Gesticulations
Quelles sont tes chances de mettre fin aux gesticulations inutiles ? Quand sera-t-il venu le moment où tu pourras enfin te concentrer pour produire ce pour quoi tu es venue au monde ? Il doit forcément exister une raison valable à ta conception. Tu devais t'incarner mais pour quelle raison ? Pour quoi faire ? Quel devra être ton avenir ? Quelle œuvre dois-tu accomplir ? Quel rêve dois-tu taire ?
Entendre les écrivains
Quand tu écoutes parler les écrivains, tu crois entendre le chant de leur grandiose solitude. Tu entends s'exprimer les sentiments qu'ils cachent. Ces sentiments qu'il ne faudrait plus écrire en littérature. Pour être pris au sérieux. Veux-tu sincèrement qu'on te prenne au sérieux ?
Maître cul
« Petit cul plaisait beaucoup. Petit cul attirait irrésistiblement les regards. Le monde s’ouvrait pour Petit cul et, à force, bien sûr, Petit cul avait fini par trouver cela naturel.
Or un jour, Petit cul, habitué donc à ce que tous les obstacles s’effacent devant lui, traversa la rue sans regarder juste au moment où, lancé à vive allure, arrivait Gros cul.
Et Gros cul eut beau freiner, c’était trop tard, il écrasa Petit cul, il écrabouilla Petit cul. »
Ainsi écrivait le maître aujourd'hui. Pas assez de larmes en stock pour pleurer de rire. Toute mon admiration envers une littérature qui s'invente chaque jour que le créateur autofictionnel imagine.
« C'est la dose...
Qui fait le poison » est un principe qui a déjà été formulé par Paracelse. Dans le cas d'une allergie à l'autre, cela se vérifie absolument. Quand la présence d'autrui devient déplaisante et irritante. Quand la démangeaison suit la rencontre. Quand la peau s'assèche par contact immédiat. Quand tout le corps brûle en communiquant avec son semblable.
Amitié
Parfois, tu échanges verbalement des idées avec une amie et cela t'amuses d'avoir affaire en direct avec son existence. Tu apprécies le contact amical qui est révélateur d'humanité et de convivialité. Tu t'éloignes un moment de ta solitude pour en rejoindre une autre. Tu fais cause commune.
Quand sonne l'heure...
Toujours je me surprends en train d'attendre que sonne l'heure de la récréation... Et là, j'apprends sans étonnement véritable que la fête est finie. Marine a volé notre quatre heures ! Pour ma part, aucun de mes enfants non-nés ne partagera ce goûter avec elle et ses complices de l'obscurantisme.
Animal social
Toutes ces séries télévisées que tu vois à propos de l'évolution des technologies numériques qui déjà influencent notre mode relationnel et notre socialisation. Tu t'appropries ces idées plus sûrement que celles d'un conte de fée. Tu n'as jamais cru aux fées pourtant. Tu es convaincue que les récits d'anticipation sont vrais depuis toujours. Tu vis déjà dans le futur qui te paraît tout à fait réaliste et concret. Parfois, tu ressens certaines difficultés à faire le tri entre la technologie déjà disponible et celle à venir. En vieillissant, cela empirera et un jour tu oublieras à quelle époque tu vis et plus rien ne t'étonnera vraiment.
Nurserie...
Parfois, on se demande jusqu'où ira l'homme dans son ironie en confondant par exemple au sein des cimetières, au cœur du carré des enfants, les tombes en fer plantées dans la terre empoisonnée et les berceaux en fer des maternités. On se demande d'où cela provient. Faut-il les parquer ces enfants-ci et là ? Faut-il les prier ?
Geste
« Écrire est notre plus beau geste d’impuissance. »
Alors tu n'es pas assez impuissante. Puisque tu t'autorises à ne pas écrire. Tu crois probablement que tu te suffis à toi-même.
Ainsi soit-il...
« Je suis égoïste malgré moi, je n'ai même pas l'idée d'être altruiste. »
Rien n'est plus affligeant que l'ignorance et la mauvaise foi. Admettre simplement ce que l'on est malgré soi sans se formaliser ou s'étonner. Sans remettre en cause sa capacité à ressentir de l'empathie. Savoir que la survie dépend de la conservation de ses privilèges hors du chaos. L'altruisme mène au désordre. Notamment affectif. Enfin, je crois...