779
Autant de projets que de renoncement.
Autant d'espoir que de larmes.
Autant de vérités que d'erreurs.
Cela me brise le cœur.
Autant de vanité humaine.
Cela me terrifie.
Autant de précipitation vers le chaos.
Cela me remplit de joie.
778
En tête à tête avec soi-même continuellement, l'angoisse derrière les yeux qui voient l'Étrange partout.
Pareille à la fillette, la tête renversée sous son lit, effrayée à l'idée de surprendre le monstre caché là ; Marie n'en revient pas que le monde soit si hostile.
Marie espère la fin de son monde.
777
Ouf ! La période de commémoration de la Nativité prend fin... J'ai pleuré à chaudes larmes toutes les âmes défuntes qui m'abandonnèrent ici-bas un jour, celui de ma naissance.
Marie ! Cesse de pleurnicher ! Redresse-toi dans le malheur pour choir dans le néant !
Une phrase gravée au dos d'iPadette : « Ma force est de n'avoir trouvé réponse à rien. » Merci Émil Cioran.
776
Marie a attendu comme le Messie un nouvel iBidule qui
l'attachera encore plus sûrement aux démons facebookiens et de l'internet.
Marie, dont le visage s'illumine devant l'écran mobile qui ne s'éteint jamais.
Marie, hypnotisée.
775
Oser habiter son propre monde avec maladresse : oser la délicatesse.
Se risquer à collaborer avec gentillesse à l'élaboration d'un univers domestique vivable.
S'engager avec cordialité dans le néant.
774
Choisir c'est périr.
Fuir c'est devenir.
Quelle tristitude cette Noëlitude.
773
Donc, il faut continuer à jouer le jeu de la vie si j'ai bien tout compris...
J'ai survécu à la fin du monde comme sept milliard d'autres. Quelle déveine !
Que faut-il encore faire de mes jours et de mes nuits ?
772
Je viens de commander le livre à paraître au mois de janvier 2013 d'Éric Chevillard : « L'autofictif croque un piment » aux éditions L'arbre Vengeur. Est-ce une judicieuse idée dans ces temps de fin du monde ?
Si elle n'a pas eu lieu aujourd'hui, elle peut encore survenir à tout moment, un autre jour — fatidique.
De calamités publiques en calamité privée, l'homme chemine, impatient.
771
NIHIL MESSTAVIC — Être le meilleur des Dieux : ne pas procréer.
MARIE — Éjaculez, hommes libres, hors des matrices pour faire cesser la souffrance, enfin.
LA POPULATION (en chœur et outrée) — Mais non ! Quelle horrible idée que disparaisse l'humanité si nécessaire à l'Univers.
MARIE — Pas de panique, je disais cela pour rire. Créez-vous les uns les autres et périssez.
CIORAN — Peut-être fallait-il s'en tenir à l'état de larve, se dispenser d'évoluer, demeurer libre et inachevée, s'inaugurer dans le ratage et s'épuiser interminablement dans une extase embryonnaire.
MARIE — Excellente idée que la non-réalisation de soi-même ! J'en rêverais...
770
Des oiseaux piaillent dans les arbres, Marie écoute : « Cuî... Cuî... Cuî.. Ces affreux humains sont de plus en plus nombreux. Quand comprendront-ils qu'ils doivent déguerpir ? Qu'ils aillent sur Mars ! Cuî... Cuî... Cuî... »
Bien sûr, Marie imagine entendre des voix qui la rassurent. Les oiseaux n'ont rien à chanter aux hommes.
Marie suivrait avec plaisir la marche lente de Curiosity.