426
À force de ciseler ses phrases, l'écrivain bourguignon finira par se couper.
Le fibres-ciment « Eternit » porte un joli nom pour donner la mort.
On se rencontre, on se reconnaît, on se parle, on échange des propos. Puis, on repart chacun dans ses silences.
425
On passe sa vie à croiser les doigts dans l'attente de n'importe quoi.
N'importe quoi qui serait quelque chose d'autre que la réalité en angle droit.
Quelque chose comme la sensation obtuse et suffisante d'être soi.
424
Et nous restons sans bouger avec nos peurs qui s'accrochent à nous à l'aide de leurs griffes, qui pourraient nous mordre avec leurs dents pointues, qui observent nos tremblements. Nous restons sans bouger avec nos peurs familières.
Il ramassa la pierre philosophale et la jeta dans la mare de l'indifférence.
L'idée est en retard, elle n'a pas quitté le plumard.
423
Marie souhaiterait revenir à un monde qu'elle peut comprendre.
« La publicité m'a tuée », achète Élisabeth.
Se suicider pour ne plus rien attendre.
422
Est-ce la nature qui m'imagine ou bien est-ce moi qui imagine la nature ? La fleur fraîche éclose ravit-elle mon regard ou bien suis-je une apparition pour la fleur qui s'épanouit ?
« Prendre un enfant par la main
Pour l'emmener vers demain »
Et lui montrer qu'il n'y a plus rien.
Marie perd son temps à le regarder passer.
421
Les idées se bousculent dans ma tête et s'assomment. Aucune ne tient encore debout.
Rien ne réchauffe mon corps ce matin qui demeure dans l'indétermination. Il faudra pourtant qu'il me mène nulle part aujourd'hui comme d'habitude.
Élisabeth consomme trop et ne raisonne pas assez. Tout lui paraît utile alors qu'elle possède déjà tout le nécessaire.
420
Marie est sur le point de prendre une décision, son esprit est en ébullition. Marie a une ébullition par tout le corps, une crise d'eczéma se déclare.
Décidément, Marie n'a pas le goût de l'aventure. Elle a l'impression que toute action la pousse en avant sur le chemin de l'avenir qu'elle n'envisage pas.
Si Marie suivait son inspiration, elle se contenterait d'hésiter sans jamais arrêter son choix sur quoi que ce soit.
419
« Aucun détail n'est petit », martèle le photographe Toscani. Est-ce pour cette raison que je donne autant d'importance à mon existence bien qu'elle soit vouée à l'insignifiance ?
S'apercevoir qu'on n'a pas les moyens de réaliser ce qu'on croit être son rêve et ressentir un immense soulagement lorsqu'on se délivre enfin de ce rêve qui n'obsède plus.
Au sein de la maison childfree, le peintre passe un médium sur sa dernière toile : l'odeur de résine entête son épouse qui aura offert ses plus belles migraines à la peinture.
418
À cause de la matrice sociale dont le flux continu d'informations anxiogènes sculpte notre système nerveux.
À cause des nombreuses promesses qui envahissent notre mémoire et se transforment en vagues souvenirs avec le temps.
À cause de ce que nous devenons malgré nous... je pleure.
417
Du haut de leurs tours résidentielles, les citadins scrutent l'horizon borné qu'ils n'interrogent jamais plus.
Le grand célibataire fait l'inventaire de ses plaisirs solitaires.
Élisabeth s'aperçoit qu'elle n'est prête à rien pour défendre aucune idée.