Glu
17 Août 2016 , Rédigé par Estelle Ogier
J'ai fait à ce propos l'observation que là où règne le bruit, c'est-à-dire dans les villes à peu près partout hors de chez soi quand on sort acheter le journal par exemple, on a pris l'habitude de n'avoir que des pensées insignifiantes, sans suite, ne réclamant aucune attention et de nature purement pratique, qui à nous-mêmes nous paraîtraient celles d'un simple d'esprit essayant de traverser au carrefour sans se faire écraser, si on pouvait les entendre ; et semblablement dans le café où l'on s'installe pour lire le journal, on n'essaye même pas avec son ambiance musicale de chansons comme on les entend partout et qui sous ce rapport de la distraction sont encore pires que les bruits : elles attirent la pensée qui voltige et la prennent à leur glu. J'en ai tiré cette idée que la sonorisation générale à quoi la vie sociale est soumise équivaut objectivement à une interdiction de penser, avec plus d'efficace : les habitants s'en trouvent si contents que spontanément chez eux ils s'en appliquent la méthode et sur leurs enfants.
Baudoin de Bodinat — La Vie sur Terre — Réfexions sur le peu d'avenir que contient le temps où nous sommes — L'Encyclopédie des Nuisances
Nos pensées engluées dans le sirop social lorsque nous faisons l'effort de quitter nos abris silencieux.
Notre volonté de vivre qui s'éteint quand crachotent les baffles. Signe d'un malaise à venir.
Notre désir absolu d'échapper au brouillage qui guette l'esprit.
Rester concentrer surtout.
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